mercredi 26 août 2009

Les Au-delà

Les représentations
de l'au-delà

Les représentations de l'au-delà illustrent la tentative de 1 ' homme pour donner du destin après la mort une idée plus familière, plus tangible. Elles vont des visions fantastiques d'un monde infernal, tel celui de la Divine Comédie, aux images grandioses de l'ascension au paradis ou à la cité divine des joies célestes. D'une part, nous avons la souffrance absolue aux enfers, avec tous les tourments qui l'accompagnent , tandis qu ' on montre, de l'autre, l'élévation de l'âme à la dimension suprême de la pureté et du spirituel.

La " soif du mort " ou les " flammes de l’enfer " sont des notions provenant des régions orientales ou méditerranéennes où les populations souffrent de la sécheresse et de la chaleur. Il est significatif de constater que, par contre, pour les populations nordiques, les souffrances de l’enfer sont provoquées par des marais gelés, des brouillards glacés, le froid qui mord...
Ce qui peut expliquer pourquoi des peuples différents ont élaboré des concepts si dissemblables de l'au-delà. Certaines sociétés primitives ont progressivement adopté le concept d'un domaine céleste semblable à notre vie terrestre, tandis que la théorie de la réincarnation et de la transmigration de l'âme s'est imposée en Afrique et en Asie. Quant aux Pères de l'Église, ils sont irrémédiablement divisés entre les tenants de la résurrection physique et ceux de la résurrection de l'âme.

L'au-delà de l'Egypte pharaonique

L'au-delà est la « vraie » réalité à laquelle on ne s'éveille qu'à la mort après un jugement des morts et d'une séparation définitive entre « élus » admis au paradis d'Osiris et « réprouvés » plongés dans divers enfers.
Avec la momification, l'Egypte pharaonique a poussé à l'extrême l'idée que la vie après la mort dépend d'une certaine intégrité physique. Conçu comme le domaine souterrain que le dieu-Soleil (Rê) traverse en barque d'ouest en est durant la nuit, l'au-delà est un monde « proche » ; l'existence n'y diffère pas radicalement de la vie terrestre. Pourtant une dichotomie décisive se fait jour : sous ce soleil de minuit, c'est le côté agréable des activités terrestres qui l'emporte (l'amour, les chants, les banquets), tandis que les travaux pénibles échoient à des remplaçants magiques (les ouchebti, figurines abondantes dans le mobilier funéraire). L'être ainsi transfiguré (Akh) n'est plus le simple prolongement de son personnage terrestre mais une entité complexe, formée du corps et de divers principes (l'ombre, le Ba, le Ka, etc.) qui viennent l'animer magiquement dans la tombe.

Le peuple hébreux

Le peuple hébreux connaissait dès les origines la croyance à une certaine vie posthume dans l'au-delà, mais sous forme d'une existence obscure, inerte et sans consistance : « Dans le pays des ténèbres et de l'ombre de la mort » (Jb 10, 21). Le schéol est le lieu des morts, de tous les morts. Il n’est pas question de résurrection, en particulier de celle de la chair ! Le degré de culpabilité morale d’un humain n’est pas pris en compte ! Aussi le sage Qohéleth conseille-t-il de profiter surtout de ce monde-ci et de la vie d'ici-bas : « car il n'y a ni œuvre, ni pensée, ni science, ni art dans le séjour des morts » (cf. Jb 9). Du Schéôl au Livre d' Hénoch. - Le terme de Schéôl désigne ce lieu souterrain semblable aux descriptions de l'au-delà rapportées dans les écrits mésopotamiens, où les trépassés vivent comme des larves dans un état léthargique, où l'on ne connaît pas de distinction entre les bons et les méchants, où il n'existe ni récompense ni punition. Le Schéôl est semblable à l'Hadès des Grecs ou à l'Aralou des Babyloniens. Dans ce royaume des morts (cf. Is 14) les morts ne peuvent même pas louer Dieu qui est le Dieu des seuls vivants (ps 6 ; 30-10 ; 88-6).

Sous l'influence peut-être du mazdéisme de l'occupant perse, la croyance en une vie éternelle et heureuse se fait jour, spécifique, réservée aux justes, accompagnée d'une « certaine résurrection de la chair ». La vie dans l'au-delà devient fruit d'une récompense (ou d'une punition) personnelle, alors que durant longtemps le Dieu des Hébreux récompensait ou punissait d'abord collectivement le peuple, vertueux ou pécheur. Israël attendait en effet surtout pour l'avenir le triomphe temporel sur ses ennemis, comme récompense de son comportement en tant que nation. Mais l'expérience cumulée des désastres nationaux successifs et celle du martyre des héros du peuple (Dn 12,1-3) amènent les croyants à repousser dans un futur plus lointain l'avènement du nouvel Ordre des choses par l'intervention d'un Messie libérateur. Elle renforce l'idée d'une résurrection personnelle des justes qui ont lutté et donné leur vie pour l'avènement du Règne de Dieu toujours attendu et espéré. Car « les âmes des justes sont dans la main de Dieu » (Sg 3, 1). Et Daniel (12, 2) lance son cri prophétique : aux temps de la fin « plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière s'éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte éternelle ». De même Job (19,26 ;Ez 37). Il n'est cependant pas précisé encore qui ressuscitera, les juifs seuls ou tous les hommes.

Livre d'Hénoch, le jugement dernier et le monde à venir

Le Livre d'Hénoch, l'une des plus célèbres apocalypses des deux derniers siècles avant J.-C., commencera à se faire l'écho de la conception palestinienne et populaire d'un sort différencié suivant les mérites. Dans les quatre compartiments où se retrouvent les âmes après la mort, trois des cavités-réservoirs sont attribuées aux pécheurs suivant leur degré de culpabilité. La quatrième, lumineuse, est destinée aux justes. Le Paradis est décrit par le même Livre d'Hénoch comme une maison de cristal où trône la Grande Gloire aux vêtements « plus blancs que neige et plus éblouissants que le soleil » . D'autres textes apocalyptiques évoquent festins et pierres précieuses, fleuves de lait et miel, et anges lumineux. Chacun est donc Jugé suivant ses mérites.

Les maîtres du Talmud exprimeront sur le fond commun de la croyance à une existence après la mort, des opinions assez diverses. Les descriptions de l'au-delà sont plus imagées que doctrinales : « Dans le monde à venir, il n'y aura ni nourriture, ni boisson, ni procréation, ni marchandage, ni haine, ni jalousie, ni conflit, mais en revanche les justes seront assis avec des couronnes sur la tête et jouiront de la splendeur divine » (Traité Brakhot 17 a). Qui entrera dans ce monde à venir ? Les opinions sont là aussi assez diverses, chacun mettant l'accent sur l'acte dont on sera récompensé ou puni au moment du Jugement. Les justes de toutes les nations sont généralement considérés comme y ayant accès. Mais non par exemple celui qui professe qu'il n'y a pas de résurrection des morts, qui humilie son semblable en public ou qui prononce le Nom sacré et ineffable du Seigneur. La foi en la résurrection des âmes et des corps après la venue du Messie est toutefois centrale. C'est l'ultime et treizième des « articles de foi » établis par Maïmonide le Maître des Maîtres, qui font toujours autorité.

La Grèce antique

Les dieux de la Grèce antique habitent le sommet de l'Olympe, la plus haute montagne de Grèce. Là-haut, sur l'Olympe, les dieux s'aiment, se querellent, surveillent le monde et interviennent auprès des mortels au gré de leur fantaisie, tantôt pour les aider et tantôt pour leur nuire. Zeus (Jupiter), maître de la Terre et du Ciel, préside rassemblée des dieux et des immortels. Hadès (Pluton), frère de Zeus, est le maître des Enfers. Ces dieux de l'Olympe avaient pris la succession de générations antérieures. Gaia, la Terre, la première des déesses, avait donné le jour, par l' intermédiaire de son fils Ouranos (Uranus), à la race des Titans. Ceux-ci, entraînés par Cronos (Saturne), s'étaient emparés du pouvoir que détenait Ouranos, mais ils furent à leur tour défaits par leurs propres enfants, conduits par Zeus, le fils de Cronos. Une fois les Titans vaincus, Zeus et ses frères, Poséidon et Hadès, tirèrent au sort pour savoir qui régnerait sur le Ciel, la Terre et les Enfers.

La tradition celte

L’expérience de la condition terrestre et de ses peines est ainsi projetée sur ce que peut être la vie après la mort. La tradition celte parle d'un « autre monde », empli de magie, de mystère et de danger, que l'on peut pénétrer par des grottes ou des lacs, et qui se situe parfois au couchant. En dépit des périls encourus pour y accéder, il se révèle, en fin de compte, un pays de jeunesse et de bonheur éternels.

Le loka des JAÏNES

Suivant LES écritures JAÏNES, Mahâvîm et les autres tîrthankara ont, par leur accession à la délivrance, découvert la nature de l'univers, en sanskrit le loka, Les moines jaïns ont déployé beaucoup d'efforts pour comprendre le loka, et la cosmographie est devenue une branche élaborée de leur scholastique. Le loka, extrêmement vaste, comprend trois grandes sections. Tout en bas, il y a les huit enfers, de plus en plus insupportables. Au sommet, il y a une série de ciels de plus en plus clairs. Au-dessus du plus haut se trouve la demeure des âmes parfaites . Au milieu, c'est le mâdhya loka, le monde médian, une bande étroite où les continents et les océans prennent place concentriquement. Parmi eux, seuls le continent de Jambûdvîpa et un continent et demi dans son voisinage rendent l'existence humaine possible. Vers la fin de l'époque médiévale, il devint courant de représenter le loka sous une forme humaine. De telles images sont objet de révérence et rappellent aux jaïns qu'il importe de bien user d'une chose aussi rare que la naissance humaine.

L'au-delà tibétain

L'au-delà tibétain est peuplé de nombreux dieux, génies, démons et saints qui entravent ou facilitent le destin de l'âme. Celui-ci suit le samsara, cycle de renaissances dont il faut s'échapper pour atteindre au bonheur véritable. Cette libération nécessite l'exercice du Bardo-Thödol, méditation concentrée sur une « conscience de mort » qui donne une vision mystique de l'au-delà. La conscience s'échappe alors du sommet de la tête, et se projette dans la lumière éblouissante du paradis.

La Chine traditionnelle

Dans la Chine traditionnelle, les eaux jaunes coulant depuis les quatre directions cardinales se rejoignent au nord où elles s'engouffrent sous la terre, royaume des morts et demeure du yin. Le yang, principe de vie, y a sa retraite. Il anime ces eaux souterraines qui jaillissent dans des fontaines sacrées où les aïeux héroïques recueillent les âmes des défunts pour les emmener dans la cour céleste du souverain d'En-Haut. Elles s'y réincarnent au début du printemps.

Le « pays des morts »

La représentation d'un au-delà « proche » est ou a été majoritaire dans toutes les sociétés traditionnelles. Le « pays des morts » possède une sorte de localisation géographique plus ou moins précise : derrière telle montagne, au fond de tel fleuve, là où le soleil se couche, etc. Ses habitants font parfois de brèves incursions dans notre monde. Inversement, certains vivants, comme les sorciers et les chamanes, sont censés pouvoir s'y rendre en transe, par exemple pour y chercher un agonisant et le ramener dans le monde des vivants.


Le paradis terrestre de l'ancienne Egypte est situé dans l'au-delà où les âmes peuvent jouir sans mélange d'une existence comparable à la vie terrestre, mais idéalisée et transposée. La demeure des morts est située dans l’Occident lointain, au-delà de l’Océan.

Pour les Assyriens, l’enfer était un endroit peuplé de monstres effroyables. . Pour les Mésopotamiens, dans le récit de Gilgamesh, le royaume des morts est sous une double montagne, en Occident lointain. Les mythes mélanésiens font souvent référence à des événements prenant place dans un « monde-miroir » souterrain.

Pour les Toradja d'Indonésie, l'au-delà est divisé en deux mondes, celui des ancêtres et des morts, situé à l'ouest, et celui des dieux et des vivants, concentré à l'est. Selon le mythe, le premier est né du ciel qui engendra les ancêtres et le premier homme ; le second est né de la terre qui enfanta la déesse du riz et celle de la prospérité. L'est et l'ouest sont réunis par la fête du Merok, offrande de remerciements aux dieux.

L'au-delà des Yakoutes ou des Toungouses de Sibérie est un monde peuplé d'esprits, notamment ceux des rois de la taïga, comme l'ours ou le tigre. Les chamanes parcourent les espaces à leur recherche, priant par exemple la f lèche de leur arc d'intercéder auprès de l'ours pour qu'il leur accorde le sacrifice du renne.

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